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Testez vos connaissances sur l’Emission de Bordeaux !
L’Émission de Bordeaux fait partie des plus appréciées des collectionneurs français, bien qu’elle demeure encore largement méconnue. Pour en apprendre davantage, il faut se plonger dans des ouvrages de référence, à l’image de la Monographie des timbres-poste de l’émission de Bordeaux d’Henri Lorne, publiée en 1951. Nous vous en dévoilons ici quelques extraits, une occasion idéale de tester vos connaissances sur l’histoire singulière de cette émission… et de découvrir des anecdotes surprenantes. Saviez-vous, par exemple, que la pratique consistant à vendre des timbres à un prix inférieur à leur valeur faciale ne date pas d’aujourd’hui ? Elle avait déjà cours à la fin du XIXe siècle… et c’étaient alors les timbres de l’Émission de Bordeaux qui en faisaient les frais ! Bonne lecture !
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Pourquoi cette émission porte-t-elle le nom de la ville de Bordeaux ?
“Le 8 Septembre 1870, c'est-à-dire peu de jours après la proclamation de la IIIe République, paraissaient les premiers timbres correspondant à ce changement de régime et dénommés, depuis, « Timbres du Siège de Paris ». Mais, l'investissement de la capitale étant devenu effectif dès le 19 de ce même mois, il devint nécessaire, et même très pressant, de confier à une région non occupée et susceptible de ne pas l'être, le soin d'établir des vignettes postales et d'en approvisionner le territoire encore très vaste où ne résonnaient pas les bottes des soldats allemands.
On songea tout d'abord à Tours, mais, devant l'avance de l'ennemi, on opta finalement pour Bordeaux où devait précisément s'installer le gouvernement. La lettre de M. de Roussy, délégué du Ministère des Finances à Tours, adressée en date du 30 Septembre 1870 à M. de Maintenant, Inspecteur général des Finances, et qui est reproduite ci-dessous, est le premier document confirmant cette décision.
« J'ai pensé que la Monnaie de Bordeaux pourrait être chargée de la confection de timbres provisoires et dont l'exécution serait rendue aussi simple que possible par l'adoption du modèle ci-dessous. Quatre types de timbres (1, 4, 10 et 20 cent.) pourraient, à la rigueur, faire face aux exigences présentes, et, pour simplifier, il ne serait pas nécessaire que ces timbres fussent séparés par le pointillé actuel. Je vous prie de vous entendre avec le directeur de la fabrication des Monnaies de Bordeaux et de me faire connaître dans un délai aussi bref que possible, les dispositions qu'il y aurait à prendre, à la Monnaie de Bordeaux, pour être en mesure de confectionner, tous les jours, à partir du milieu de ce mois, environ 4.000 feuilles de 300 timbres chacune. Vous aurez aussi à étudier, de concert avec le directeur de la Monnaie, les moyens à adopter dans la fabrication, pour éviter toute contrefaçon. C'est un point essentiel sur lequel j'appelle toute votre attention. Je recommande cette question d'une manière spéciale à votre expérience et je vous serais très obligé de me rendre compte au plus tôt du résultat de vos démarches. »
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Combien une planche entière de timbres de l’émission de Bordeaux comporte-t-elle de timbres ?
En matière d'impression lithographique, lorsqu'il s'agit de reproduire une quantité importante d'un même dessin, il est obligatoire, tant pour accélérer le tirage que pour éviter une usure trop rapide de la pierre, d'avoir recours à l'opération dite du report. A cet effet, on multiplie le dessin original en en tirant un certain nombre d'épreuves que l'on rassemble par un piquage sur un papier fort et que l'on décalque ensuite sur une pierre.
Pour l'émission de Bordeaux, le nombre d'épreuves ainsi reproduites fut de 15, soit trois rangées de 5, et constitua ainsi la matrice-report que nous dénommerons « Bloc- Report ». Mais, lorsque la quantité de vignettes est considérable, ce qui est le cas dans la circonstance et pour les mêmes motifs de rapidité d'exécution et d'usure trop rapide, il est recommandable d'effectuer une autre opération complémentaire avant de passer au tirage.
Cette opération consista à tirer du bloc-report vingt épreuves qui furent reportées à leur tour sur une grande pierre, constituant ainsi la planche de tirage de 300 vignettes. Cette planche comprenait deux panneaux comportant chacun cinq rangées de deux blocs-report de quinze unités, soit 5 x 30 = 150 unités par panneau. L'intervalle horizontal entre les blocs de 15 est à peu de chose près le même que celui entre les timbres. Par contre, l'intervalle vertical, séparant les deux panneaux, est sensiblement plus large, ceci permettant de les séparer facilement et d'obtenir ainsi des feuilles de 150 vignettes plus commodes à la manipulation.
Cette séparation était faite au préalable dans les bureaux, ce qui expliquerait pourquoi on ne rencontre pas des paires ou des blocs « inter-panneaux » comme cela existe dans d'autres émissions et qui constituent des pièces particulièrement recherchées par les collectionneurs. En existe-t-il néanmoins ? Cela reste, somme toute dans le domaine du possible et nous serions reconnaissants aux heureux possesseurs de nous le signaler.
D'après le procès-verbal établi le 12 août 1871, l'Administration fit procéder à la destruction de la partie essentielle de l’outillage ainsi que des matrices et des planches. La philatélie ne peut que déplorer profondément ce geste dont le motif nous échappe.
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