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Les ballons montés  -  par HUGG


Quel détail révèle que que ce ballon monté n’est pas authentique ? Voici la réponse !

Vous connaissez certainement l’histoire des ballons montés, ne serait-ce que parce que nous l’avons évoquée dans une de nos précédentes newsletters. Rappelons-la rapidement.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, Paris se retrouve assiégée par les troupes prussiennes. Alors que la ville est coupée du reste du pays, une innovation audacieuse et ingénieuse voit le jour pour maintenir la communication avec l'extérieur : les ballons montés. Ces aéronefs, gonflés d'hydrogène, deviennent les vecteurs d'information, de correspondance et d'espoir entre Paris et le reste de la France.

Le Siège de Paris, lithographie anonyme, 1870

C’est en septembre 1870 que débute le Siège de Paris. Pour le gouvernement de la Défense nationale, il devient impératif de trouver un moyen de communiquer avec les forces françaises et de coordonner les opérations de résistance. L’idée de recourir à des ballons pour franchir les lignes ennemies est avancée par Nadar, photographe et aérostier passionné. Dès lors, l'idée de ballons montés pour acheminer des lettres, des dépêches et même des passagers devient réalité.

Le premier ballon monté, baptisé "Neptune", quitte Paris le 23 septembre 1870, transportant à son bord du courrier officiel et des lettres personnelles. Il atterrit à Craconville, à environ 83 kilomètres de Paris, prouvant ainsi la faisabilité de cette entreprise audacieuse. À la suite de ce succès, un service régulier est mis en place.

Le ballon Le Neptune, photographie de Nadar, 1870.

Un total de 65 ballons montés partent ainsi de Paris entre septembre 1870 et janvier 1871, transportant plus de 2,5 millions de lettres, ainsi que des pigeons voyageurs destinés à ramener des messages en retour. Pour organiser ces vols, une véritable industrie est mise en place dans Paris assiégé. Des ateliers de gonflement sont établis à la gare d'Orléans et des ballons sont fabriqués à un rythme soutenu.

Gonflés à l’hydrogène, les ballons montés étaient en toile huilée et mesuraient entre 2000 et 3000 mètres cubes. Chaque vol comportait des risques majeurs : conditions météorologiques imprévisibles, ballons souvent mal dirigés par des vents capricieux, et, surtout, la menace constante des tirs prussiens. Certains ballons ont été abattus ou capturés, entraînant la perte de précieuses informations et de courriers.

Les pilotes, souvent des aérostiers amateurs ou des volontaires, devaient faire preuve d’un courage hors du commun. Certains vols furent ainsi marqués par des événements dramatiques, comme celui du Ville d’Orléans qui, après une traversée mouvementée, termina sa course en Norvège, ou celui du Daguerre, qui fut abattu par les Prussiens, qui utilisèrent pour ce faire les premiers canons antiaériens de l’histoire.


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Les lettres envoyées par ballon monté constituent une source précieuse d’information. Les Parisiens y décrivent leurs conditions de vie, particulièrement rigoureuses. Parmi les sujets les plus fréquemment évoqués : le froid intense de l’hiver, alors que le charbon et le bois manquent cruellement ; la flambée du prix des denrées alimentaires qui les amène à manger chats, chiens, rats et jusqu’aux animaux du zoo de Vincennes ; ou encore la peur des obus prussiens qui, à partir du 5 janvier, s’abattent quotidiennement sur la capitale.

Extrait du ballon monté qui fait l’objet de cet article : “Nous profitons du ballon pour vous donner de nos nouvelles. Si seulement nous pouvions en avoir des vôtres, mais ce n’est pas aussi facile, rapport que l’on ne peut pas expédier de ballon [de la Province vers Paris]. Jusqu’alors, nous payons cher, mais on ne manque de rien.”

Les ballons montés sont passionnants à collectionner, mais attention : il existe de nombreuses falsifications ! Une des plus fréquentes consiste à remplacer les timbres originaux des lettres. Pour quelle raison ? Souvent parce que les timbres d’origine étaient défectueux, ayant été mal découpés ou abîmés durant le transport. Des faussaires les remplacent alors par des timbres en meilleur état pour donner l’illusion de lettres parfaitement conservées.

C'est exactement ce qui s'est passé pour le ballon monté présenté dans notre article.

Pour déterminer si un timbre n'appartient pas à une lettre, l'un des premiers réflexes à avoir est d'examiner l'oblitération. Si le cachet sur le timbre ne se prolonge pas sur l'enveloppe comme il devrait, c’est un indice qu’il a été ajouté après coup. Dans notre cas, la pointe supérieure de l'oblitération en forme d’étoile s'interrompt brusquement sans se prolonger sur la lettre — un signe clair que le timbre a été collé a posteriori.

L’endroit où la pointe supérieure de l’oblitération en forme d’étoile devrait se prolonger sur la lettre.

Cependant, il n'était même pas nécessaire d'observer ce détail pour démasquer la contrefaçon ! Comme vous le savez, le tarif d’expédition par ballon monté pour la France était de 20 centimes, souvent acquitté avec des timbres n°37 (Cérès 20 c. bleu), imprimés à Paris pendant le Siège.

Ici, le faussaire a commis une erreur flagrante. Il a apposé un timbre bleu de type Cérès, mais pas le bon ! Au lieu d’un n°37, il a utilisé un n°60A, d'une valeur faciale de 25 centimes, émis par la Poste en septembre 1871, soit plus de sept mois après la fin du Siège de Paris et le départ du dernier ballon.

Cet anachronisme évident révèle la supercherie.

Un ballon monté authentique, affranchi comme il se doit par un n°37 (Cérès 20 c. bleu).


Lu ou entendu

Timbres Magazine, dans son numéro 269 de septembre 2024, tire la sonnette d'alarme : des sites Internet trompeurs sont apparus récemment, où des individus se présentent comme des "experts" sans en avoir la compétence, dans le but de racheter à bas prix à des personnes non philatélistes les collections de timbres dont elles ont hérité. Conscients de cette menace, nous soutenons pleinement cette initiative, ayant nous-mêmes observé avec inquiétude l'existence de tels sites. C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons conçu et publié notre guide "8 conseils pour vendre au mieux votre collection de timbres", afin de vous aider à identifier ces sites douteux. Parmi les éléments à surveiller : des fautes d'orthographe fréquentes, l'absence de référence à la CNEP (le seul syndicat français d’envergure nationale rassemblant les négociants et experts en timbres), et le fait que ces prétendus experts revendiquent des compétences trop variées (philatélie, numismatique, objets d'art, etc.). Restez vigilant : un site bien classé sur Google n'est pas toujours synonyme de qualité ou de fiabilité, car il suffit souvent de payer pour obtenir cette visibilité.

Lire l’article de Timbres Magazine au format pdf

 

Publié le 26/09/2024 14:59   |


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